Dans un article précédent sur le mentoring atypique du Camping à Paris, j’ai commencé à évoquer ce fameux ratio : nombre de mentors par rapport au nombre de mentorés. Ce ratio a souvent été vu comme un facteur de succès : plus un programme a de mentors mieux c’est. Il est vrai que la capacité d’une organisation à attirer un grand nombre de mentors est un bon signe, mais ne reflète pas forcément la qualité du programme global.

Donc au lieu de penser à attirer un maximum de mentors, explorons les options de programme en fonction du ratio que l’on a.

Un mentor pour dix (1/10)

Il existe plusieurs options de variation de programme dans ce cas pour utiliser au mieux ce ratio. La première étant d’utiliser des mentors inactifs ou à la retraite, afin qu’ils aient le temps d’accompagner plusieurs mentorés. La deuxième est de réduire la durée de l’accompagnement pour créer par exemple deux promos par an. Et la dernière est d’organiser du mentorat de groupe. Les mentorés se réunissent avec un mentor autour de problématiques communes. Ici, les échanges entre les membres du groupe sont aussi importants que les échanges avec le mentor.

En 2010, EPWN Madrid a organisé des sessions mensuelles de mentorat de groupe avec 14 mentors et 73 mentorés autour de 9 sujets tels que la gestion d’équipe, stratégie, gestion du temps, innovation, communication etc.

Un mentor pour trois (1/3)

Comme pour le ratio 1/10, si l’on veut garder une relation individuelle de mentorat au lieu d’engager un mentorat de groupe, il faut trouver des petites varations dans le programme afin de conserver un bon équilibre entre relation efficace et disponibilité du mentor.  Nous pouvons réduire la durée de la relation pour créer deux promos par an, et réduire la fréquence des rencontres (une fois toutes les 6 semaines, plutôt qu’une fois par mois), afin de permettre au mentor de suivre plusieurs mentorés sans trop le surcharger en terme d’engagement de temps. Une autre solution permettant d’alléger l’engagement de temps sans perdre la régularité de la relation, est le e-mentorat. En utilisant les nouvelles technologies de communication tels que skype, conférence téléphonique, e-mail etc. la relation peut être entretenue à distance. Le e-mentorat ne devrait pas complètement remplacer les rencontres physiques, mais peut permettre d’espacer les rencontres sans perdre le contact.

EPWN au niveau européen, a lancé en 2011 un programme de mentorat trans-européen. Pour faciliter les échanges, la plupart des binômes ont utilisé skype. Mais souvent ces femmes se sont rencontrées : en début de relation au moment du “matching” et en cours de relation alliant déplacements professionnels et rendez-vous face à face mentorat.

Un pour un (1/1)

Ce ratio a été le ratio le plus recherché. En effet le mentorat traditionnel est la rencontre d’un mentor avec son mentoré. Le mentor donnant de son temps bénévolement ne s’engage à accompagner qu’une seule personne sur une période donnée à une fréquence donnée. Le cadre le plus fréquent étant une rencontre par mois de deux heures, cet engagement de temps est tout à fait raisonnable et acceptable pour le mentor.

Le Réseau Entreprendre est un exemple de ce ratio. En PACA, un mentoré n’est pas sans mentor pendant plus de deux mois. La responsable de l’accompagnement a pour mission de trouver le mentor adéquat pour chaque mentoré/lauréat. Elle utilise donc sa base de données des membres du réseau pour trouver le membre qui pourrait correspondre en termes de compétences et aussi au niveau humain aux besoins du lauréat.

Cinq mentors pour un (5/1)

Ce ratio est assez exceptionnel, vu que le programme attire plus facilement les bénéficiaires premiers du programme : les mentorés. Cependant si ce ratio existe cela donne la possibilité d’un mentorat très intéressant et très riche. En effet ce ratio permet de créer un réseau de mentors autour du mentoré apportant différents points de vue, des compétences complémentaires et un accompagnement très rapproché. Les mentors étant à tour de rôle disponibles pour le mentoré.

Le Camping a donc créé la “famille de mentors” autour de chaque équipe “campeur”. Ceci permet une vraie accélération pour ces start-ups avec une courte durée de mentorat (6 mois) car l’accompagnement est très intense.

Certains entrepreneurs ont su également s’entourer de plusieurs mentors ou plutôt un réseau de conseils. Un entrepreneur que j’avais interviewé nomme ce réseau : son “comité d’orientation” constitué d’un mentor Réseau Entreprendre, d’un mentor Créativa, et de deux Business Angels (strictement parlant on ne les considère pas comme des mentors). Ils se réunissent tous ensemble une fois tous les deux mois. Donc plutôt que d’entendre les différents avis / perspectives séparément, le mentoré les entend tous ensemble et les mentors et BA peuvent échanger entre eux et enrichir mutuellement leurs réflexions.

La chercheuse Kathy Kram (auteur connue sur le mentorat) avait déjà évoqué la notion de réseau de développement constitué de différentes personnes répondant à des besoins variés dans le temps.

Donc peu importe le ratio mentors/mentorés, ce qui est important c’est de créer des relations de qualité qui soient maintenues efficacement sur une durée donnée suffisante pour produire des résultats pour le mentoré en terme d’apprentissage, de développement et de savoir-être.

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