J’étais donc à Paris pour le 9ème colloque de l’EMCC France (European Mentoring & Coaching Council) samedi 19 janvier. Mon intervention consistait principalement à donner quelques clés de compréhension de la démarche de mentorat, en particulier les programmes formels et le mentorat d’entrepreneurs. Mais très vite j’ai dû soulever un point critique qui ne semblait pas encore être clair pour tous :

Le mentorat est une activité bénévole et non un métier.

L’EMCC dans sa volonté de professionnaliser le coaching (ce que je peux comprendre) a inclus le mentoring dans sa réflexion. Cependant, il serait impensable de vouloir professionnaliser le mentorat, avec tout ce que cela implique : accréditation, supervision etc. Ceci apporterait encore plus de confusion sur le sujet de la rémunération du mentor. J’ai rencontré des personnes qui se faisaient payer pour une activité dite de mentorat ! Et là, je m’emporte, car s’il y a rémunération financière alors ce n’est pas du mentorat, c’est du conseil, du coaching, de la formation ou autre pratique. Par définition, le mentor donne de son temps gratuitement, il n’a pas d’objectif très spécifique, n’a pas d’obligation ni de résultat ni de moyen, c’est ce qui fait sa différence avec les autres pratiques d’accompagnement. Et même si la relation est un minimum cadrée (ce qui est recommandé) par une charte, ou une officialisation de la relation, elle n’est pas légalement ou économiquement contractualisée.

Pourquoi est-ce important que le mentor reste bénévole vous me direz ? Et bien, le mentorat est une relation désintéressée (et sans lien hiérarchique) de solidarité inter-générationnelle. Ceci permet une ouverture, un dévoilement de soi, la création de confiance, des échanges francs, une bienveillance, des conseils non biaisés etc. L’introduction d’argent n’est pas pensable dans cette relation de don, car qui dit argent dit intérêt, or le mentorat est une relation sans lien d’intérêt.

Donc j’insiste encore : mentorat rime bien avec bénévolat.

L’EMCC pourrait donc bien appuyer cet élément dans une charte éthique. De plus, même s’il est vrai que la formation des mentors est très utile pour la réussite de la relation, dans la mesure où elle aide le mentor a développé des compétences relationnelles nécessaires et à bien comprendre le cadre de son intervention, la professionnalisation elle pourrait nuire à cette activité qui est motivée par des valeurs d’altruisme, d’enrichissement intellectuel, de générativité. En effet, si le mentorat devient une profession, nous risquons de perdre tous ces excellents mentors qui donnent de leur temps pour aider un autre et qui ont leur propre activité professionnelle à côté.

Si le mentor ne devrait pas être professionnalisé, l’organisation qui initie, met en oeuvre et accompagne un programme de mentorat, elle, pourrait se professionnaliser. D’ailleurs cette démarche a déjà commencé par la définition de standards internationaux de mentorat de carrière en 2006. Ceux-ci mettent en avant les différents éléments clés et facteurs de succès d’un programme de mentorat. Mes derniers travaux complètent cette démarche en mettant en lumière les actions clés de l’organisation tierce dans un programme de mentorat entrepreneurial (un article détaillé sera publié bientôt) et l’IME (Institut du Mentorat Entrepreneurial) signe cette semaine une charte du mentorat entrepreneurial avec le Ministère du redressement productif.

Professionnalisons l’accompagnement des programmes de mentorat et laissons les personnes d’expérience (les mentors) contribuer à leur façon au succès d’autres par solidarité !

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