L’été est bizarrement une période toujours propice à la préparation de business plans pour différents projets d’entreprise, souvent des levées de fonds. Cela me permets de satisfaire à la demande de bon nombre d’entre vous pour poursuivre cette série d’article.

Jusqu’à présent nous avons vu les erreurs suivantes :

  1. Penser pouvoir donner la taille du marché
  2. Ne pas raconter une histoire
  3. Ne pas avoir de concurrents
  4. Ne pas définir de vision stratégique
  5. N’avoir rien vendu
  6. Considérer la croissance comme un processus standard
  7. Invoquer « le marketing » comme méthode de communication

Le sujet que je souhaite traiter aujourd’hui et celui de la constitution et la description de votre équipe. Pour faire simple je décrirais les erreurs rédhibitoires faites sur ce point comme étant :

8. Constituer une équipe de winners

Et il y a plusieurs façons de détruire toute crédibilité pour votre équipe. En voici quelques unes classiques.

Les intégrateurs radicaux :

Notre équipe est constituée de deux associés spécialistes du marketing opérationnel multicanal. Notre approche consiste à sous-traiter la création de notre business à des spécialistes pointus dans leur domaine et à intégrer ensuite cela dans une offre percutante.

Toutes les compétences majeures sont détenues par des tiers et l’opérationnel pur est lui-même sous-traité. En clair la startup ne sert à rien. Les fondateurs pensent être suffisamment malins pour que les acteurs clefs mis en oeuvre, n’additionnent pas 1 et 2 et décident de s’organiser sans eux. Admettons que cela marche trois mois, s’il y a le moindre succès la startup va se faire éjecter du marché avant la fin de l’année fiscale. Mais en réalité c’est plus probablement de simples mythomanes.

Le dictateur jovial :

Martin Duval, Lead Visionary Strategist / CEO.

Dans une liste d’associés avec des compétences et des expériences claires et pertinentes, vous détectez au sommet de la liste l’actionnaire principal avec un titre idiot constitué d’un agrégat de buzz words pompeux. Dans neuf cas sur dix, c’est un huluberlu dilettante qui a pu mettre 100K dans un projet intéressant en démarrage, et a tenu à prendre un rôle actif pour mettre tout cela en musique. Confronté à son ego et son incompétence, dans quelques mois toute l’équipe va le détester et le projet imploser.

Le visionnaire isolé :

Josiane Granjeux, CEO / CTO / CFO / Cocoa Developper / Regional Poney Race Vice-Champion, 2001.

Josiane sait que la course de Poney (sa passion depuis qu’elle est petite) arrive elle aussi dans l’ère du web social. Elle voit déjà son application iPhone téléchargée par 50 millions d’utilisateurs dans le monde et ses dîners avec Mark Zuckerberg. Tout cela est bien beau, mais une startup c’est une équipe. Toujours. Personne n’est armé de toutes les compétences nécessaires pour monter seul et à partir de rien, un business. La variante souvent rencontrée du visionnaire isolé est celle de :

Pr. Ignace Jones, CEO, Responsable Honoraire de la Chère d’Anthropologie 2.0 du Collège de France.

A 65 ans le professeur Jones a tout vu et connais tout dans son domaine. Monter une startup ne va pas être bien compliqué pour lui. D’autant qu’il a un réseau d’anciens élèves dans tous les postes clefs de son marché. Et vous savez quoi ? C’est probablement vrai. A un détail près : son ego (ici aussi). Impossible pour lui d’écouter les premiers retours clients, de pivoter ou d’adapter son projet de quelque façon que ce soit. A moins qu’il ait vraiment tout compris au départ, le projet est mort-né.

Les tortues ninja :

X / CEO – Y / CFO – Z / CTO

Pour obtenir notre email dans lequel figure le nom de notre startup, veuillez retirer à la pépinière la NDA ‘Projet XXX’ et la retourner en 6 exemplaires signés. Notre avocat vous contactera sous 3 semaines.

Il n’y a qu’une infime partie des startups dans le monde qui ont réellement besoin de prendre de vitesse des acteurs majeurs et de se mettre en “stealth mode”. Celles-ci sont déjà toutes solidement financées dès le départ par des investisseurs à l’origine du projet. Vous n’en entendrez donc pas parler. Pour les autres c’est juste de la paranoïa. Un fondateur qui refuse de parler clairement de son projet et qui croit que l’on va lui piquer son idée, n’a rien de solide dans les mains : les idées ne valent rien.

Les executives en temps partiel :

Hubert Rives, Directeur FNAC Montpellier / CEO Yuppiz

Robert Noyan, Commercial Grand Compte GE / CFO Yuppiz

Mylène Rampol, Directrice R&D Thalès / CTO Yuppiz

Soyons franc : Yuppiz est une très bonne idée, portée par une équipe hyper-qualifiée. Malheureusement avec un quotidien exigeant dans des postes exposés, ils n’auront pas plus de 3h par semaine à consacrer au projet. Et encore pas en même temps. Il sont par ailleurs habitués à gagner 15K par mois et n’ont aucune envie de perdre cela, avec les clefs de la BMW de fonction. Oubliez-les ils vont de toute façon bien vite arrêter le projet, ou basculer en mode “intégrateurs radicaux”.

Tout cela peut sembler être assez caricatural, je le concède. Mais ce sont les archétypes que nous rencontrons très souvent. Si vous vous sentez proche de l’un de ces cas, il va falloir vous poser et discuter ouvertement avec des accompagnateurs professionnels. : )

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