La une des sites techno-webs depuis quelques heures est centrée sur Instagram (13 employés, pas de modèle économique) qui vient d’être  racheté par Facebook pour $1 milliard. Dans le même temps personne ne prête réellement attention à AT&T qui vend  Yellow Pages à un fond d’investissement pour €0,95 milliard.

Une belle symétrie : “la nouvelle nouvelle économie” (lisez les startups webs post-iPhone) et ses enjeux presque incompréhensibles, face à “l’ancienne nouvelle économie” (lisez les entreprises solides sorties de la première bulle internet et qui ont su survivre jusqu’à présent).

Deux valorisations proches :

  • Une délirante basée sur une vision pure, des millions d’utilisateurs gratuits et des rounds successifs d’investissements que l’on espère éclairés, mais qui ressemblent à un chaîne de Ponzi.
  • L’autre probablement sur-évaluée mais compréhensible en regard d’un chiffre d’affaire présent… pour combien de temps encore ?

Au final un point de rencontre financier dans deux trajectoires foncièrement différentes : une accélération explosive (pouvant conduire à une réelle explosion) et une décélération réelle, lisible, mais qui peut encore laisser quelques années de beaux revenus.

Dans les deux cas il suffit de se rappeler que l’innovation est là pour changer les marchés et que même les activités les plus anodines sur le web ont un pouvoir de transformation qui laisse rêveur.

Si le produit n’est pas intéressant : il ne s’agit que d’échanger des photos sur son mobile… Le fait d’avoir construit un écosystème qui va rapidement monter à 100 millions d’utilisateurs fervents est une autre histoire. C’est bien là où le pouvoir de transformation réside.

De ce point de vue il n’y a pas survalorisation et c’est même plutôt une très bonne opération avec un coût d’acquisition par utilisateur qui est proche de $28 :

Je suis généralement  inquiet de l’incompréhension qui saisie généralement les porteurs de projets face à ces sujets : la bataille n’est pas de faire le buzz ou de créer une app aussi sympa qu’Instagram. C’est d’arriver à devenir en quelques mois un acteur global au milieu des écosystèmes gigantesques que sont devenus Facebook, Amazon, Google, Apple ou même Salesforce. Et grosso mode personne n’y arrive, sinon tout le monde vaudrait un milliard, ou plus probablement Instagram ne vaudrait pas tripette.

Instagram est une belle pousse.

Elle cache des forêts entières d’arbres qui ont été sauvagement abattus les uns après les autres. Je ne crois pas que viser ce type de “réussite” soit finalement très malin pour une startup. En tirer des conséquences à son niveau sur sa capacité à créer ou non un écosystème me semble bien plus intéressant.

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