Comme je suis souvent amené à le faire ici, je voudrais revenir sur une question à laquelle je suis souvent amené à essayer de répondre : quelle est la différence entre la préincubation, l’incubation, le passage en pépinière et la sortie de pépinière, pour une entreprise innovante ? Ce débat a eu lieu lors des dernières journées du réseau régional de l’innovation en PACA, il est revenu lors de réunions avec des financiers et des business angels, et je l’ai eu avec l’un des directeurs de Gémalto la semaine dernière.

Il est vrai que dans les pays anglo-saxons, il y a généralement moins de granularité dans les structures hébergeant une startup. On passe de l’incubation, si elle a lieu, directement aux premiers locaux. Et si en France nous avons une norme d’octobre 2003 pour définir les prestations d’une pépinière (la NF X 50-770), celle-ci n’est ni suivie, ni connue. On put aussi essayer de répondre à la question par la nature des besoins en financement. On parle d’appel à du capital de proximité, d’amorçage, risque, de développement, de refinancement… Mais le moment où ces besoins apparaissent va fortement varier selon le marché de la sartup et son activité. Le débat reste donc là.

En ce qui me concerne, je propose une approche pragmatique :

La préincubation : l’entrepreneur n’en est pas encore un. Il a une vision et commence à la mûrir sans avoir pris le moindre risque. Il est probablement encore salarié et commence à se convaincre que son idée peut déboucher sur une activité économique.

L’incubation : une première prise de risque a été opérée. Pendant un à deux ans des étapes de structuration sont franchies : création de la structure juridique, arrivée des associés fondateurs, démarrage de la R&D, arrivée des prototypes et premières communications vers le marché. On produira certainement du business plan pour les institutions et les financeurs, mais sans qu’il ait de sens puisque le business model n’existe pas encore. C’est une étape de structuration interne, avec en France peu de risque au-delà de l’apport personnel des associés.

Le passage en pépinière : ce doit être le moment où l’entreprise définit son business model, diminue ou arrête la R&D et rencontre ses clients le plus souvent possible. En trois ans, une startup ayant  préalablement été incubée, devrait avoir réalisé du chiffre d’affaires pendant au moins un exercice fiscal complet. Il s’agit de la phase de validation, avec de plus en plus de risques : la pression financière après 3 à 5 ans de démarrage est maximale, les concurrents et les clients doivent connaître l’offre et il va falloir bientôt se détacher du placenta des aides régionales et nationales.

Ma définition repose donc sur la prise de risque et la validation du business model.

Cela devrait d’ailleurs expliquer parfaitement la logique de ces structures d’accompagnement : pendant ces périodes le risque croît en même temps que la startup définit son business model. C’est une période de fragilité maximale, elle n’est dépassée que quand l’entreprise parvient à toucher son marché de façon durable, dépasser son seuil de rentabilité et se pérenniser. Cela devrait aussi inciter beaucoup plus ces structures d’accompagnement à soutenir la structuration commerciale… Débat qui lui aussi est revenu lors des dernières journées du réseau régional de l’innovation.

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